Comité exécutif central de la YCJ-LJC, 12 juillet 2021
Le Deutsche Kommunistische Partei (Parti communiste allemand, DKP) a annoncé jeudi qu’il pourrait être interdit de participer à la prochaine élection du Bundestag en Allemagne, le directeur du scrutin fédéral invoquant un retard dans la soumission des rapports annuels comme cause de l’interdiction. Alors que l’Allemagne souffre de la montée de la droite et de sa plus grande récession économique depuis la création de l’État actuel, cette interdiction empêcherait une voix progressiste essentielle de se battre pour la paix et le désarmement, l’augmentation des services sociaux et l’égalité économique, et davantage de droits pour les jeunes travailleur-ses et les étudiant-es au Bundestag.
Le DKP et sa ligue de jeunesse, la SDAJ, sont deux des voix les plus fortes en Allemagne qui luttent pour une véritable démocratie et contre l’impérialisme, ainsi que pour l’amélioration des infrastructures centrées sur les jeunes, comme les logements sociaux, les emplois, les écoles, les garderies, les centres de jeunesse, les transports publics, les hôpitaux et les universités. Son interdiction est simplement antidémocratique et ne sert qu’à faire taire les voix des jeunes et de la classe ouvrière.
Ce n’est bien sûr pas nouveau. L’Allemagne, un pays qui interdit toujours l’affichage de symboles liés au Parti communiste d’Allemagne, a une longue histoire de répression des communistes, tant sous le gouvernement nazi que sous l’État qui lui a succédé, la République fédérale d’Allemagne. Plus récemment, le magazine communiste pour jeunes Junge Welt, qui a longtemps fait l’objet d’une surveillance, a risqué de perdre sa distribution et son financement puisque classé comme « extrémiste » et « anticonstitutionnel ». D’autres groupes progressistes ont également été confrontés à des menaces économiques similaires et à des tentatives visant à les empêcher de s’organiser. Ailleurs en Europe, des ligues de jeunesse communistes ont été supprimées, comme le Komunistický svaz mládeže (KSM) qui a été mis hors la loi de manière non démocratique par le gouvernement tchèque en 2006. En Serbie, le Nouveau parti communiste de Yougoslavie a été radié de force en tant que parti politique en 2014, et les tentatives de réenregistrement depuis ont été bloquées. Encore plus près de chez nous, le Parti communiste du Canada a fait face à des menaces similaires de la part du gouvernement canadien, qui a tenté de mettre le parti hors la loi en 1993 en apportant des changements drastiques à la Loi électorale.
Cette attaque contre le DKP fait partie d’une vague plus large d’attaques récentes contre les personnes à l’esprit progressiste en Allemagne et dans l’Europe entière. Au cours des deux dernières décennies, le continent a connu une augmentation de la rhétorique nationaliste d’extrême droite, notamment de la part de partis tels que l’AfD en Allemagne, le gouvernement Orbán en Hongrie, le gouvernement Boris Johnson en Grande-Bretagne, le FPÖ en Autriche, Marine Le Pen et son Rassemblement national en France, la coalition Droite unie en Pologne, l’Alliance pour la paix et la liberté de l’UE ou son bloc Identité et démocratie, et d’autres groupes importants. À l’heure où ces partis gagnent en popularité et où les partis fascistes obtiennent davantage de soutien, il est crucial que les partis progressistes et épris de justice se battent à la fois dans la rue et sur le plan électoral.
Bien que sous le couvert de la bureaucratie et des règles de la loi électorale, il est clair que l’interdiction faite au DKP de participer aux élections allemandes fait partie d’une attaque coordonnée plus large contre les communistes en Allemagne. Nous sommes solidaires du Deutsche Kommunistische Partei et des jeunes progressistes de Junge Welt, et nous les soutenons dans leurs appels contre la législation anticommuniste. Nous nous faisons l’écho des appels lancés par la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique, le DKP, le SDAJ et le Parti communiste du Canada pour que toutes les forces démocratiques s’élèvent contre cette interdiction.