La YCL-LJC Canada témoigne son entière solidarité envers le peuple et la jeunesse chilienne qui, depuis des semaines, fait oeuvre de résistance contre le gouvernement Piñera. Nous sommes solidaires des millions de manifestant-es pacifiques initialement mobilisés contre une augmentation de 30 pesos du prix des transports publics et appelons à une solidarité active avec leurs luttes. Nous appelons également nos camarades, amis et alliés, le mouvement étudiant, les organisations syndicales ainsi que les forces progressistes et démocratiques à témoigner de leur solidarité avec le peuple chilien. Leur lutte est la nôtre, car leur ennemi est le même que le nôtre: le capitalisme.
Nous appuyons totalement les revendications des masses qui, d’Arica à Punta Arenas ne se battent pas seulement contre la hausse des billets de métro, mais contre tout un système qui a fait du Chili un laboratoire pour tester les idées néolibérales de Milton Friedman et des Chicago Boys au moyen de la sanglante dictature de Pinochet (appuyée par le Canada). Rappelons que plus de 3000 progressistes été assassinées par ce régime. Les Chilien-nes ont servi de rats de laboratoire, faut-il croire.
Aujourd’hui, au Chili, le concept de services sociaux n’existe pas. La santé, l’éducation, les pensions de retraite, l’eau sont aux mains du secteur privé qui en profite pour spéculer sur le sort des moins nantis. La jeunesse et les masses populaires vivent encore sous le joug d’une Constitution rédigée sous Pinochet.
Les Chilien-nes ne demandent pas que des changements cosmétiques. Ils exigent un changement fondamental et sont résignés dans leur lutte. Malgré quelques artifices concédés par le Président, dont la fin de l’État d’urgence et quelques grapilles, le peuple ne décolère pas. Il ne demande rien de moins que la démission de Piñera, des pensions de retraite dignes et publiques (non à la capitalisation des retraites dont le maitre d’oeuvre n’est ni plus ni moins que le frère du Président), une semaine de travail de 40h (contre les 45 voulues par le Gouvernement), un salaire minimum au-dessus du seuil de pauvreté ainsi qu’une nouvelle Constitution qui garantisse les droits sociaux de tous les Chilien-nes, mais aussi les droits nationaux des peuples autochtones, en particulier de la nation Mapuche.
Si la pression populaire a forcé le gouvernement d’accéder à la demande d’une nouvelle Constitution, il n’en demeure pas moins que celle-ci ne serait ni plus ni moins qu’une réécriture de l’actuelle Constitution. C’est pourquoi les manifestant-es n’ont pas accepté cette proposition et continuent de battre le pavé.
Nous dénonçons le déploiement de militaires dans les rues dont l’action a mené à l’arrestation de plus de 3000 personnes, en a blessé plus de 250 et tué 20 en deux semaines. Plusieurs jeunes communistes font d’ailleurs partie de cette rafle contre les manifestant-es, en particulier 3 dirigeant-es de la JJCC, Valentina Miranda, Pablo Ferranda et Anais Pinera dont la sécurité de détention n’est pas garantie. Toutes ces personnes sont victimes d’intimidation et de détention arbitraire.
Devant ces atteintes à l’un des droits les plus fondamentaux, à savoir le droit d’association et le droit à la liberté d’expression, devant une répression sans merci par une armée dont les officiers de l’époque de la dictature de Pinochet n’ont jamais été purgés et qui ne s’est jamais excusée pour les crimes commis, le gouvernement du Canada, honteusement, ne dit rien. Seule l’Assemblée nationale du Québec, sous l’impulsion du député de Québec Solidaire Andrés Fontecilla, s’est unanimement prononcée en faveur d’une motion de solidarité avec le peuple Chilien.
Jeunes communistes, nous n’exigeons du gouvernement canadien rien de moins qu’il témoigne de sa solidarité envers le peuple chilien et qu’il suspende ses relations diplomatiques avec le Chili tant que les demandes des manifestant-es ne soient satisfaites. Il est de surcroit honteux de noter le double discours appliqué par le Canada et autres impérialistes. Lorsque des manifestant-es armés (souvent plus lourdement que la police elle-même) et organisés au point de subtiliser un hélicoptère de l’armée faisaient la loi au Venezuela (ciblant surtout les quartiers populaires et les institutions sociales du processus bolivarien), le Canada a maintes fois pris fait et cause pour ces fascistes. Or, lorsque le peuple se soulève contre ses oppresseurs à Santiago ou ailleurs, les champions de la démocratie, soudainement, deviennent atones. Leur démocratie se résume sans doute à celle qui peut se vendre à prix fort sur les marchés boursiers. Il s’agit en fait de défendre une démocratie où les minières canadiennes puissent continuer de piller les ressources du pays à prix réduit.
Pourtant, que ce soit dans les rues de Santiago, de Quito, de Port-au-Prince ou de Beyrouth, les peuples – en particulier la jeunesse – prennent la rue dans un élan formidable de combativité contre la casse des services publics, la corruption, la mondialisation, l’imposition de mesures néolibérales, bref, contre les conséquences naturelles du capitalisme. Nous leur étendons notre solidarité et soulignons qu’ici aussi, au Canada, des centaines de milliers d’entre nous avons manifesté le 27 décembre dernier pour la justice climatique, appelant à « changer le système et non le climat ».
Devant les dangers de crise environnementale, économique, contre l’agressivité croissante de l’impérialisme et la violence de la classe dirigeante prête à tout pour sauvegarder ses profits, nous devons organiser notre colère et unir nos forces de sorte que rien, ni les balles ni les matraques, ne puissent nous arrêter. Comme l’affirmait le Président Allende quelques instants avant de perdre la vie: “L’Histoire ne peut être arrêtée ni par la répression, ni par le crime” et “l’Histoire est nôtre: ce sont les peuples qui la font”.