Reprenons la lutte pour un lendemain
Camarades ouvriers ! Voici le premier mai, jour où les ouvriers de tous les pays célèbrent leur éveil à une vie consciente, célèbrent leur union dans la lutte contre toute violence et toute oppression de l’homme par l’homme, dans la lutte qui doit affranchir des millions de travailleurs de la faim, de la misère et de l’humiliation. Deux mondes s’affrontent dans cette grande lutte : le monde du capital et le monde du travail ; le monde de l’exploitation et de l’esclavage et le monde de la fraternité et de la liberté.
Lénine, avril 1904
Au nom du Comité central de la Ligue de la jeunesse communiste, nous adressons notre solidarité et nos salutations militantes à la jeunesse de la classe ouvrière et aux masses populaires du Canada qui sont passées à l’action pour réclamer des concessions de la classe patronale.
En cette Journée internationale des travailleuses et des travailleurs, nous honorons l’héritage des travailleurs qui sont descendus dans les rues de Chicago en 1886 pour lutter en faveur d’une journée de travail de huit heures pour tous les salariés. Nous nous souvenons également de ceux qui nous ont précédés et qui ont consenti de grands sacrifices pour faire avancer la lutte des travailleurs au Canada : la grève générale de Winnipeg en 1919 ; les grèves des mineurs de charbon du Cap-Breton en 1922-1925 ; la grève des mineurs de charbon de Bienfiat en 1931 ; la bataille du quai Ballantyne en 1935 ; la Marche sur Ottawa en 1935 ; la grève de Ford de Windsor en 1945 ; la grève de Reesor Siding en 1963 ; le premier Front commun du Québec en 1972 ; la grève nationale contre le contrôle des salaires en 1976 ; la grève du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes en 1981 ; et bien d’autres luttes ouvrières qui ont permis à l’ensemble de la classe ouvrière et aux masses populaires de conquérir des droits.
L’histoire nous enseigne que tout ce que la classe ouvrière a gagné est le résultat d’une lutte ardue contre les capitalistes. En fin de compte, l’histoire du mouvement ouvrier au 20e siècle nous montre que la classe ouvrière, en tant que force la plus progressiste de la société, peut, avec ses alliés des masses populaires, triompher de la dictature de la bourgeoisie et construire une nouvelle société basée sur la maxime : de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins.
L’année dernière, nous avons assisté à une vague de grèves dans tout le pays. Le mouvement syndical répond à l’appel face à l’assaut des monopoles. Le militantisme accru des travailleurs se traduit par des gains pour la classe et les masses populaires.
Nous avons vu les augmentations salariales dans les conventions collectives passer d’une moyenne de 1,6 % en 2020 à 3,7 % en 2023. La dernière fois que ces augmentations ont atteint une moyenne de 3,6 %, c’était en 1991, il y a plus de 30 ans. Cette forte hausse des salaires a été obtenue de haute lutte grâce à la combativité croissante des organisations syndicales. Bien que 3,7 % ne suffisent pas à compenser la hausse de l’inflation et du coût de la vie, ces accords reflètent le militantisme du mouvement syndical face à la situation économique désastreuse qui règne dans le pays.
Il existe un lien évident entre les augmentations salariales et la vague de grèves qui s’est abattue sur le pays l’année dernière. En 2023, le nombre de jours de travail perdus en raison d’arrêts de travail a été le plus élevé depuis 2005. Il y a eu 2,2 millions de journées de travail perdues au cours des neuf premiers mois de 2023. Si l’on inclut les grèves historiques du Front commun au Québec l’automne dernier, qui ont mobilisé 560 000 grévistes, le nombre total dépasse les 2,5 millions de journées de travail perdues. C’est un signe que le géant endormi se réveille et passe à l’offensive après des décennies de sommeil.
Cette année, le mouvement ouvrier a connu d’autres développements positifs. Les plus notables sont les grandes campagnes de syndicalisation qui ont lieu dans tout le pays. La Confédération des syndicats nationaux (CSN) a déposé une demande de reconnaissance d’un entrepôt d’Amazon à Laval. Dans les entrepôts d’Amazon à New Westminster et à Delta, en Colombie-Britannique, Unifor, le plus grand syndicat du secteur privé du pays, mène des campagnes de syndicalisation. Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes continue d’organiser les travailleurs itinérants basés sur des applications, malgré les manœuvres antidémocratiques du Syndicat des travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce, qui a signé un accord secret avec Uber sans que les travailleurs d’Uber n’aient leur mot à dire. Dans l’ensemble, la combinaison des conflits de travail et des campagnes de syndicalisation constitue une avancée importante pour le mouvement syndical au Canada, qui était en décroissance depuis des décennies.
Le système qui produit une inflation vertigineuse sur les biens de première nécessité alors que les salaires stagnent est le même que celui qui dresse les travailleurs les uns contre les autres sur le champ de bataille dans des guerres pour les ressources et les marchés. Il s’agit de l’impérialisme, stade ultime du capitalisme. L’impérialisme est plongé dans des contradictions et des crises incurables. C’est pourquoi la classe dirigeante cherche à maintenir et même à augmenter le taux de profit. Les forces impérialistes cherchent à maintenir leur domination dans l’escalade actuelle des tensions, agressions, occupations et guerres impérialistes pour la redistribution du monde et des ressources naturelles, d’une part, et, d’autre part, l’augmentation de l’exploitation et de l’oppression de la classe ouvrière et de sa jeunesse par les attaques directes et indirectes sur nos salaires et nos droits politiques, sociaux et du travail.
En cette journée internationale des travailleuses et des travailleurs, le YCL-LJC continue d’appeler à une lutte accrue pour les droits des travailleurs. Nous continuons à revendiquer un salaire décent, des conditions de travail sûres, le droit de ne pas franchir un piquet de grève, le droit à des piquets de grève secondaires chez un employeur qui fait des affaires avec un employeur avec lequel un syndicat a un différend, des lois anti-briseurs de grève, l’accréditation des syndicats sur vérification des cartes où un syndicat est automatiquement reconnu lorsqu’une majorité de travailleurs signe une carte syndicale, des pensions, des services sociaux universels, la fin du programme des travailleurs étrangers temporaires où les travailleurs migrants ne bénéficient pas de tous les droits du travail, le droit à des grèves politiques en dehors de la négociation, et le plein emploi pour tous. Ces revendications portent la lutte contre les monopoles et remettent en cause les profits records qu’ils ont engrangés depuis la pandémie.
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!