La PCUE ne répond pas aux besoins des étudiant-es

La YCL-LJC rejette les limites prohibitives de la Prestation canadienne d’urgence pour les étudiant-es (PCUE) et exprime la nécessité urgente qu’y soient inclus tous les étudiant-es sans les confiner à la pauvreté. Alors qu’ils ont enfin accès à un plan d’urgence, la PCUE ne répond pas aux problèmes fondamentaux liés à la condition d’étudiant-e. Nous rejetons également la nécessité de prouver être à la recherche d’un emploi d’été (souvent rémunéré au lance-pierres et sans doute dans des conditions sanitaires précaires) pour y avoir accès tout en devant également se consacrer aux études. 

D’emblée, cette prestation s’élève arbitrairement à 1250$ par personne par mois alors que la Prestation canadienne d’urgence, elle, est plus généreuse de 750$ par mois. Cette idée reçue selon laquelle les étudiant-es ont moins de dépenses que les travailleur-euses montre à quel point le gouvernement Trudeau est complètement déconnecté de la réalité étudiante. Avec des dettes d’études qui s’élèvent à 30 000$ en moyenne et des frais de scolarité annuels moyens de plus de 6500$, la totalité de cet argent ne servira qu’à payer ces frais. Un simple calcul suffit pour comprendre qu’au mieux, ceux et celles qui y auront accès durant quatre mois (la durée maximum du programme) ne toucheront que 5000$ et commenceront donc l’année avec un manque à gagner de 1500$ en moyenne. Du reste, à partir du moment où un étudiant-e gagne plus de 1000$, il n’est plus éligible à cette prestation. 

Or, les frais de scolarité ne sont qu’une dépense parmi d’autres. Nombreux sont les étudiant-es qui, soit par choix mais souvent par nécessité, doivent déménager le temps de leurs études. Dans les centres urbains, où la majorité des universités sont situées, la spéculation immobilière rend le prix des loyers inaccessibles: il s’élève à plus de 2000 dollars par mois pour un appartement à une pièce à Toronto et Vancouver. Impossible donc que la seule PCUE suffise à permettre aux étudiant-es de maintenir la tête hors de l’eau pendant cette période difficile, ce qui risque de faire en sorte que plusieurs abandonnent leurs études faute de moyens. 

Comme pour la plupart des mesures financières de Trudeau, cette prestation a été prise hâtivement et ne répond en rien aux enjeux fondamentaux qui touchent les étudiant-es. Déjà, les 9 milliards que coute la PCUE suffit, à un milliard près, pour garantir l’éducation postsecondaire gratuite pour toutes et tous pour une année entière, ce qui tranche avec ce programme de quatre mois au maximum et auquel certains étudiant-es, notamment étrangers, n’ont pas accès. 

Si Trudeau préfère mettre en place des mesures d’urgence temporaires, ce n’est pas tant parce qu’il a à coeur le sort des étudiant-es, mais plutôt parce que ces mesures ne servent qu’à poser une rustine sur un système d’éducation basé sur l’endettement personnel, la privatisation et la marchandisation de l’éducation. De plus, ces programmes peuvent disparaitre du jour au lendemain, et que la tendance à la marchandisation de l’éducation postsecondaire risque de s’accentuer lorsque le gouvernement libéral utilisera les 252 milliards de dollars de déficit comme justificatif pour revenir à l’équilibre budgétaire, couper dans les dépenses publiques et faire porter le fardeau de la crise sur le dos des étudiant-es. 

C’est pourquoi nous, jeunes communistes, revendiquons, plutôt qu’une prestation d’urgence, une réforme d’urgence de l’éducation postsecondaire. Nous réclamons un système d’éducation 100% public, universel et gratuit: l’éducation doit être garantie par un monopole de service public et non régie selon une logique de marché. Lorsque nous parlons d’éducation gratuite, nous revendiquons aussi la fin de tout obstacle financier à l’accès aux études supérieures, c’est pourquoi nous luttons pour une allocation étudiante viable et la construction massive de logements étudiants. 

Ce n’est que moyennant la satisfaction de ces mesures que nous saurons soustraire l’éducation des féodalités économiques. Or, c’est justement ce que Trudeau se refuse de faire. En fier porte-parole de la classe capitaliste, il s’assure pour que la sortie de crise se fasse tout en douceur pour les grandes compagnies pendant que les étudiant-es et la jeunesse en paieront les frais.