Comité exécutif central, 8 mars 2020
À l’occasion de la Journée internationale des femmes, la YCL-LJC salue toutes les femmes qui résistent contre le patriarcat sous toutes ses formes au quotidien. Depuis que la communiste Clara Zetkin a proposé à l’Internationale socialiste des femmes de célébrer une journée à la gloire de leurs luttes il y a plus d’un siècle, les conditions qui l’ont poussée à instaurer une telle journée n’ont pas changées dans l’ensemble.
En régime capitaliste, être femme signifie être condamnée à subir un double fardeau: celui de l’exploitation capitaliste, et celui de l’oppression patriarcale attestée en grande partie par le surtravail ménager exigé de la part des femmes. En conséquence, les femmes, même dans un Canada où le Premier ministre se dit “féministe”, bénéficient d’un revenu équivalent en moyenne à 69% de celui des hommes. De façon tout aussi inquiétante, on estime que 140 années seraient nécessaires afin de rattrapper ce retard. À travers le monde, les femmes travaillent l’équivalent 39 jours en moyenne de plus que les hommes à cause de l’iniquité salariale, ce qui veut dire que le 22 novembre, les femmes ont travaillé autant que leurs homologues masculins le 31 décembre.
De plus, du fait que la majorité des étudiant-es universitaires sont des femmes, elles sont les premières victimes de l’augmentation des frais de scolarité. Au demeurant, les jeunes femmes ont tendance à suivre des cursus pour lesquels la sanction d’études implique un stage non-rémunéré ou mal rémunéré, sans compter qu’elles sont surreprésentées dans les emplois précaires ou emplois pour lesquelles elles sont surqualifiées.
Les femmes racisées et autochtones quant à elles subissent de plein fouet à la fois le patriarcat et la violence raciste. Les milliers de femmes autochtones disparues et assassinées dont les meurtriers dans plusieurs cas courent toujours les rues en sont un exemple extrême. Nombreuses sont celles qui, sans être assassinées, subissent harcèlement, insultes, racisme dans les rues, sur leurs lieux de travail et d’études en plus d’être aux prises avec une disparité salariale disproportionnée avec des recours inadéquats la plupart du temps.
À ce sujet, nous dénonçons les théories fumistes qui sous-entendent que le patriarcat serait le fait de valeurs non-canadiennes, musulmanes en particulier. Au contraire, l’oppression dont sont victimes les femmes racisées provient en grande partie des obstacles que la société capitaliste leur pose, de la montée et de la banalisation des idées d’extrême-droite racistes, xénophobes et des discours haineux qui en découlent.
À travers le monde, les femmes comptent également parmi les premières victimes des guerres d’agression impérialistes, le viol étant dans plusieurs cas utilisé comme arme de guerre. De plus, les femmes et les enfants représentent 80% des personnes réfugiées soit pour des causes économiques, bellicistes et, de plus en plus, climatiques.
Nous célébrons cette année le 8 mars dans un cadre global marqué par l’agressivité croissante de l’impérialisme, la crise climatique et la montée des populismes de droite devant un système capitaliste putride. Dans ce contexte, les femmes ont un rôle important à jouer dans la résistance des peuples contre leurs exploiteurs et leurs oppresseurs. On le voit un peu partout: femmes Wet’suwet’en qui, au Canada, défendent leur territoire souverain, femmes libanaises qui luttent contre plus de trente années d’austérité et de mesures anti-populaires, femmes françaises qui luttent pour le droit à une retraite digne (les femmes comptent d’ailleurs parmi les principaux perdants du nouveau système de retraite par points). En Argentine, les mobilisations féministes, liées à celles des différents mouvements sociaux et populaires, ont mis fin au gouvernement Macri tandis que les femmes brésiliennes comptent parmi les premières à lutter contre le gouvernement ouvertement homophobe de Bolsonaro.
Plusieurs autres exemples actuels seraient dignes de mention afin de convaincre l’importance que joue le mouvement féministe dans les différents mouvements sociaux. Il ne saurait exister de mouvement qui vise la transformation révolutionnaire et sociale sans que celui-ci ne donne la place qui lui revient à la lutte des femmes. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si c’est à l’initiative de la communiste Clara Zetkin que cette journée est encore célébrée aujourd’hui…