Comité exécutif central, mars 2020
La YCL-LJC exprime son entière solidarité envers les Chefs traditionnels et le peuple Wet’suwet’en, ainsi qu’envers tous ceux et celles qui luttent pour leur droit à l’autodétermination et contre l’invasion par la GRC de leur territoire souverain. De plus, la YCL-LJC appuie les mouvements de résistance autochtones et reconnait que les Autochtones (Premières nations, Métis, Inuit) bénéficient d’un droit inaliénable sur leurs territoires et ressources. Nous saluons l’initiative de plusieurs jeunes qui ont organisé un débrayage scolaire de solidarité le 4 mars dernier.
La Couronne canadienne a violé ses propres lois (section 25 de la Charte canadienne des droits et libertés), les normes internationales (Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones) de même que le droit coutumier wet’suwet’en (Anuc nih’wit’en). Les Wet’suwet’en n’ont jamais cédé leurs droits souverains sur les terres et les ressources de leur territoire de 22 000 km2. Les chefs traditionnels Wet’suwet’en en sont les détenteurs légitimes et souverains, ce qui leur donne droit et l’autorité exclusive de prendre des décisions sur leurs territoires non-cédés. Les protocoles de consentement libre, éclairé et préalable constituent un droit inaliénable des nations autochtones (Premières nations, Inuit, Métis).
Les grandes entreprises, avides de profits, ne se soucient en rien ni de la destruction de l’environnement, ni de la violence des forces de l’ordre. En défendant leur territoire et leurs ressources, les Wet’suwet’en ont affirmé leur souveraineté afin de perpétuer leur mode de vie. C’est précisément ce qui enrage les capitalistes et qui a généré un large mouvement de défense de la souveraineté autochtone et de l’environnement.
La résistance des Wet’suwet’en dévoile toute l’irrationalité de l’économie basée sur l’extraction des hydrocarbures, en particulier des sables bitumineux. Alors que l’entreprise Kinder Morgan a abandonné le projet d’expansion de l’oléoduc TransMountain à cause du trop peu de profits qu’il génèrerait aux vues du bas prix de l’essence, le gouvernement l’achète pour une somme annoncée de 4,5 milliards $, somme qui continue de grimper. C’est là la loi d’airain du capitalisme monopoliste d’État: socialiser les pertes, privatiser les profits.
À long terme, l’expansion de cet oléoduc est tout aussi irrationnelle: au lieu d’augmenter l’exploitation des sables bitumineux de 600% (ce qui empêcherait l’atteinte des objectifs de réduction de gaz à effets de serre fixés parla COP21), nous devrions investir ces milliards dans des secteurs énergétiques verts plus durable tant du point de vue écologique qu’économique.
En tant qu’organisation anti-impérialiste, anti-colonialiste et qui lutte pour le socialisme au Canada, la YCL-LJC se tient du côté de ceux et celles qui luttent contre les profiteurs. Nous appuyons le peuple Wet’suwet’en qui résiste contre les mêmes entreprises qui détruisent notre environnement et financent les guerres impérialistes. Ces entreprises dépossèdent les peuples et nations autochtones de leur terre au Canada pendant quelles pillent l’Amérique latine, l’Afrique et le reste du monde pour les intérêts de leurs actionnaires.
Jeunes communistes, nous reconnaissons que le Canada a été construit sur le vol des terres autochtones et sur l’exploitation de la classe ouvrière. C’est encore le cas aujourd’hui.
Avec cette attaque frontale par les gouvernements fédéral et britanno-colombien (qui s’entête à aller de l’avant avec le projet de gazoduc Coastal GasLink bien que cette province soit la première à affirmer que le cadre légal pour toutes questions relatives aux nations autochtones serait la DDPA), tout espoir de “réconciliation” avec les Autochtones, promesse phare de Justin Trudeau, est caduc. Lorsque la Couronne canadienne parle de réconciliation, elle veut dire rendre le droit coutumier autochtone compatible avec le capitalisme et en finir avec son projet génocidaire d’assimilation. Pour une réelle réconciliation entre nations, l’État canadien doit reconnaitre et respecter la souveraineté des nations autochtones, ce qui implique que leur soit garanti le droit à l’autodétermination jusqu’à et y compris la séparation.
Les luttes des Wet’suwet’en sont aujourd’hui le plus clair exemple du fait que le Canada est un État constitué de plusieurs nations, desquelles aucune sauf la nation dominante canadienne anglophone ne bénéficie de son droit inaliénable à l’auto-détermination. Cette situation fait partie intégrante de l’exploitation capitaliste et lutter pour l’égalité nationale est fondamental afin de consolider l’unité de classe nécessaire à l’édification du socialisme au Canada.