Déclaration de la Ligue de la jeunesse communiste et du Parti communiste du Québec, 24 juin 2019
À l’occasion de la Fête nationale 2019, le Parti communiste ainsi que la Ligue de la jeunesse communiste du Québec appellent tous les mouvements démocratiques, sociaux, syndicaux et populaires à s’unir dans une alliance combattive et militante contre le gouvernement réactionnaire et raciste de François Legault.
En effet, ce gouvernement présenté comme respectable, voire encensé par les grands médias du Québec, est pourtant le plus réactionnaire depuis l’époque de Duplessis et de la Grande Noirceur.
Plusieurs évènements récents nous confortent dans cette idée. Dernièrement, l’emploi du bâillon parlementaire pour passer en force les lois 9 et 21 suffit à dévoiler le caractère réel du gouvernement CAQ, c’est-à-dire d’un gouvernement qui méprise les droits fondamentaux lorsque ceux-ci entrent en contradiction avec les intérêts des grands monopoles.
Tant la loi 9, sur l’immigration, que celui de la loi 21 sur la laïcité visent à créer une division entre Québécois-es « pure laine », c’est-à dire Canadien-nes français-es catholiques, et celles et ceux qui sont issus d’une immigration plus récente, souvent racisé-es, et de confessions religieuses différentes. Nombreux sont ceux et celles qui – y compris au sein de la gauche – n’hésitent pas à appuyer ces mesures au nom d’une unité nationale québécoise factice.
Or, cette unité nationale que prônent ces nationalistes étroits revient à unir les travailleur-euses du Québec avec leurs exploiteur-trices. Si dans certains cas comme au cours d’une lutte de libération nationale ou au cours d’une lutte antifasciste, cet appel aurait raison d’être, dans une situation comme celle du Québec actuel, qui a atteint le stade avancé du capitalisme monopoliste avec ses grandes entreprises du Québec.inc, comme Jean Coutu, Couche-Tard, Bombardier ou Québécor; cet appel ne peut être que réactionnaire, surtout quand le danger ne vient pas de l’étranger, mais de la classe dirigeante du Québec elle-même.
En plus de s’attaquer aux immigrant-es, le gouvernement CAQ s’en prend aussi aux travailleur-euses en général – les deux questions n’étant d’ailleurs pas déconnectées. La loi Uber, qui institutionnalise un peu plus la précarité d’emploi ne représente pas seulement une attaque contre les chauffeurs de taxi (dont une grande partie est d’origine immigrante) mais aussi et surtout contre tous ceux et celles qui essaient de se sortir des marges de l’économie et qui aimeraient accéder à des emplois stables, syndiqués et de qualité.
Cette position contre les travailleur-euses est également attestée par la position honteuse prise par le chef du gouvernement dans le dossier de l’aluminerie de Bécancour où celui-ci s’est rangé du côté patronal pour s’attaquer au syndicat et aux travailleur-euses.
Le gouvernement Legault ne fait que commencer dans le démantèlement du soi-disant « modèle québécois » et la casse de nos services sociaux chèrement acquis. Dans les mois à venir, soyons prêt-e-s à différentes attaques sur les CPE sous prétexte des maternelles 4 ans, au démantèlement des commissions scolaires, échelon important de la démocratie locale, voire la mise à mal du système d’accréditation syndicale.
De surcroit, alors qu’il est impératif de nous mobiliser contre la CAQ et son gouvernement réactionnaire, nous devons également prendre en compte les dangers qui nous guettent lors des élections fédérales prochaines. Alors que plusieurs gouvernements conservateurs ont été élus dans différentes provinces, voire à travers le monde, au cours des derniers mois, il serait un euphémisme de dire que la droite populiste a le vent dans les voiles.
Les Conservateurs fédéraux, tout comme Maxime Bernier, nous feraient régresser à une époque où rien ne faisait obstacle à la toute puissance des patrons. Les Libéraux, parmi les responsables du marasme actuel ne valent pas mieux avec leurs promesses non tenues auprès des peuples et nations autochtones et des personnes soucieuses de l’environnement. Le NPD, un parti qui n’accepte les demandes populaires que dans la mesure où celles-ci sont inoffensives aux yeux des grandes entreprises, n’est en rien une alternative populaire, certainement pas auprès des Québécois-es et des nations opprimées d’ailleurs. En effet, ce parti n’accepte les revendications démocratiques du Québec que lorsque celles-ci ne s’attaquent pas à l’anti-démocratique Constitution canadienne.
De la même façon, le Bloc québécois, parti fédéral qui a bénéficié des auspices du Québec à cause de la question nationale, n’est en rien une option favorable puisqu’il ne propose qu’une réponse nationaliste à la question nationale. N’oublions pas que lors des dernières élections fédérales, le Bloc n’a pas hésité à appuyer les Conservateurs dans leur manœuvre islamophobe et raciste visant à monter en épingle un faux débat au sujet des femmes musulmanes voilées et de leur droit de vote.
Nous, communistes, espérons que la lutte contre le gouvernement Legault saura générer au Québec, une alliance populaire antimonopoliste et anti-impérialiste qui soit en mesure à la fois de combattre l’hypocrisie de Trudeau, du danger que présente le Parti conservateur, et la perfidie du NPD ou du Bloc québécois – deux partis qui se disent, parfois, progressistes tout en étant fondamentalement nationalistes.
Ce 24 juin, il ne fait aucun doute que les masses populaires et la jeunesse du Québec sont à la croisée des chemins. Alors que la plupart des partis politiques se préparent aux élections fédérales en enchaînant promesses sur promesses, le Parti communiste, quant à lui, appelle à la lutte non seulement dans les urnes, mais surtout dans les rues, car nous sommes confiant-e-s que seule la mobilisation permet des gains devant les grandes entreprises et leurs principaux représentant-e-s politiques, dont François Legault et les partis fédéraux à la solde de la classe dirigeante dont le Parti libéral et le Parti conservateur.