Alors que 2017 a été l’année la plus chaude de l’humanité, cette année des records de chaleur ont été battus, causant plusieurs décès ici même et dans le monde. Les catastrophes naturelles s’enchaînent à un rythme effréné. En conséquence, on calcule que d’ici 2050, la Terre comptera plus de 250 millions de réfugiés climatiques. Ceux-ci seraient aujourd’hui déjà plus nombreux que les réfugiés fuyant guerres et conflits. Ainsi, la limitation de la hausse des températures globales « bien en-deçà de 2 degrés », tel que conclu lors de la COP21 en 2015, est un impératif des plus importants. Or, pour ce faire, il faudrait réduire les émissions de gaz à effets de serre provenant des énergies fossiles à un niveau de 40 à 70% inférieur à celui de 2010 avant 2050. Si nous continuons au rythme actuel, en 2100, la température globale de la planète aura augmenté à un niveau situé entre 3 et 6 degrés par rapport à aujourd’hui.
La question environnementale se pose donc avec plus d’urgence que jamais.
Le principal coupable de cette catastrophe naturelle est clairement identifiable : c’est le système capitaliste basé sur la cupidité des entreprises qui, pour assurer leurs profits, s’adonnent à une exploitation effrénée des travailleur.euses et des ressources naturelles. Ce n’est pas un hasard si, depuis 1988, 71% des émissions de CO2 à travers le monde proviennent de 100 entreprises seulement.
Il ne fait aucun doute que pour la classe capitaliste, la seule raison de se soucier de l’environnement, c’est de trouver une nouvelle avenue pour générer de nouveaux profits, d’où le “capitalisme vert” basé sur des mécanismes tel le marché du carbone qui ne fait que donner le droit aux plus grandes entreprises d’acheter des droits de pollution. C’est cette proposition qu’une partie de la classe dirigeante (dont Justin Trudeau s’inscrit en fier représentant) tente de nous faire accepter comme solution pour une transition écologique, comme si le marché était en mesure de contraindre les grandes entreprises à abandonner leur soif de profit. C’est sans doute pour cette raison que des grandes multinationales commanditent les sommets de la COP. En effet, le géant industriel allemand Siemens, BMW, l’armateur de pétroliers Blue Water, Renault-Nissan, Eaton (fabricant de pièces d’avions et de camions) ont tous financé les dernières COP, sans compter que ces entreprises financent à coups de milliards l’extraction d’énergies fossiles.
Au Canada, alors que l’ensemble des conditions sont réunies pour assurer une transition énergétique et pour abandonner les énergies fossiles, le gouvernement, à la solde des grands monopoles gaziers et pétroliers préfère utiliser les fonds publics pour financer à hauteur de 4,5 milliards $ le sauvetage d’un oléoduc qui, à lui seul, empêcherait l’atteinte des objectifs de la COP21 et ce, sans compter la
récente annonce de subventionner l’industrie pétrolière à hauteur de 1,6 milliard $ supplémentaires.
En outre, le gouvernement Canadien a, en 2017, voté une augmentation du budget militaire de 73%, une décision qui génère un impact considérable sur l’environnement compte tenu du fait que l’une des industries les plus polluantes au monde est l’industrie militaire états-unienne à laquelle le Canada est lié à travers l’OTAN. En effet, les bases militaires, dont environ 900 sont états-uniennes ou sous contrôle de l’OTAN, génèrent une empreinte écologique dévastatrice pour l’environnement.
Notre gouvernement signe également avec empressement un accord de libre-échange avec les États-Unis qui donne les pleins pouvoirs aux entreprises afin qu’elles puissent poursuivre en justice les États qui se doteraient de régulations notamment environnementales entravant leur capacité à générer des profits.
Au lieu d’investir des milliards dans l’industrie automobile ou dans les monopoles aéronautiques comme Bombardier, au grand plaisir des actionnaires, ce même gouvernement pourrait mettre sous contrôle public et démocratique ces entreprises et, au lieu d’en faire une vache à lait pour les actionnaires, il serait possible sans grand effort de reconvertir ces emplois dans des activités de production plus durables comme la construction d’un réseau de trains électriques à travers le pays.
Pour assurer une réelle justice environnementale, il est plus que jamais temps de restreindre le pouvoir des grandes entreprises qui, en perpétuant un système dont la centralité est l’exploitation des ressources naturelles non pas selon les nécessités de la majorité, mais selon les impératifs de la course au profit, tiennent les populations en otage. Au Canada, ce sont les peuples et nations autochtones qui en sont les principales victimes, leur souveraineté territoriale étant allègrement violée pour permettre aux grands monopoles de se servir des ressources naturelles sans entrave. Il est donc temps de mettre les entreprises énergétiques sous contrôle public et démocratique de sorte que les grandes entreprises répondent de nos besoins et non de ceux des actionnaires.
Il est temps de considérer la pollution comme un crime et de se doter d’une législation sévère contre les entreprises qui seraient tentées de faire fi des normes environnementales. Il est temps d’imposer un moratoire sur les sables bitumineux et de reconvertir les emplois liés à ce secteur vers d’autres activités plus durables sur le plan environnemental et ce, sans perte de salaire.
Il est temps, enfin, de faire de la coopération environnementale pour le développement durable le centre de la politique étrangère du Canada de sorte que les pays « en voie de développement» puissent bénéficier de l’assistance nécessaire afin d’assurer leur transition énergétique sans causer aucune difficulté tout en respectant leur droit à la souveraineté. Au bout du compte, ces pays sont victimes d’une profonde injustice environnementale causée par l’impérialisme.
Ce sont les pays industrialisés comme le Canada, la France, la Grande-Bretagne ou les États-Unis – et leurs entreprises – qui sont les premiers responsables des changements climatiques.
Ainsi, un réel engagement anti-impérialiste et pour la paix ne saurait faire fi de la nécessité de corriger le tir: les pays qui ont sans relâche pollué la planète depuis la Révolution industrielle ont pour devoir de permettre aux autres pays du monde d’accéder au développement sans mettre en danger notre planète.
Le pas le plus important que nous puissions faire est de changer le système économique actuel, le capitalisme. Nous devons agir et nous unir immédiatement pour bâtir un avenir basé sur la justice environnementale, où les changements climatiques seront renversés et où les peuples et nations autochtones ne seront plus opprimés. La solution à ce danger qui engage le pronostic vital de l’humanité implique que nous luttions pour le socialisme.
La YCL-LJC revendique :
– Moratoire sur les sables bitumineux et réinsertion des travailleur-euses vers des secteurs d’activité plus durables;
– Respect du droit à la souveraineté et à l’autodétermination des peuples et nations autochtones;
– Mise sous contrôle public et démocratique des entreprises énergétiques ainsi que des secteurs clés de l’économie;
– Aucune présence corporatiste dans nos universités : non aux entreprises polluantes et militaires sur nos campus;
– Réduction du budget militaire de 75% et sortie immédiate de l’OTAN le représentant du complexe militaro-industriel le plus meurtrier et le plus polluant de la planète;
– Extension des services de transport public: gratuité des transports en commun pour moins de voitures et de camions;
– Polluer est un crime : les entreprises qui polluent doivent être jugées selon le code criminel;
– L’impérialisme doit payer: si 100 entreprises à travers le monde sont responsables de 71% des émissions de CO2 depuis 1988, ce sont elles qui doivent payer; pas les pays “en voie de développement”.