La Ligue de la jeunesse communiste appuie la lutte de la jeunesse franco-ontarienne mobilisée pour la défense de ses droits linguistiques et appelle ses membres ainsi que les progressistes, syndicats, associations étudiantes, groups communautaires, etc. à affirmer leur solidarité envers les revendications des Franco-Ontariens.
Le 15 novembre dernier, le Premier ministre conservateur de l’Ontario, Doug Ford, annonçait que, pour des raisons budgétaires, le poste de Commissaire aux services en français serait aboli. Dans la foulée, il annonçait également que l’Université de l’Ontario français ne verrait pas le jour. Aussitôt, les Franco-Ontariens se sont organisés, laissant la porte ouverte à tous les recours possibles, incluant l’organisation d’une journée d’action le 1er décembre au cours de laquelle plus de 40 rassemblements sont organisés à travers la province à 13h. Devant cette levée de boucliers, Doug Ford s’est senti obligé d’octroyer quelques concessions. Qu’à cela ne tienne, trop peu disent les Franco-Ontarien.nes pour qui ces concessions ne changent rien au fond du problème. En effet, le projet d’université francophone est toujours laissé à l’abandon et le poste de Commissaire aux services en français, toujours aboli. Quant à la création d’un ministère aux Affaires francophones, elle ne représente rien tant que son budget n’est pas connu.
Ces attaques, masquées par une question de gouvernance et de gestion représentent en fait une attaque contre les droits démocratiques des Franco-Ontarien.nes qui, même s’ils ont déjà été mis à mal par les différents gouvernements, demeurent garantis par la Constitution. La question de l’équilibre budgétaire n’est ici qu’un prétexte (comme chaque fois qu’il s’agit d’imposer des coupes dans les programmes sociaux) : si le gouvernement Ford voulait s’assurer d’un budget équilibré, il commencerait par augmenter les impôts corporatifs au niveau qu’ils étaient il y a 20 ans, ce qui permettrait à la province de recevoir des revenus de 18 milliards annuellement.
Ce pied de nez aux Francophones de l’Ontario relève en fait d’une francophobie à peine masquée par l’actuel gouvernement ontarien. L’annonce de Ford représente un réel danger pour toutes les minorités francophones du pays, déjà en situation précaire. En effet, elle crée un dangereux précédent pour tous les gouvernements qui seraient tentés de lui emboiter le pas et de passer outre les droits des minorités linguistiques. Ce danger est particulièrement prégnant au Nouveau-Brunswick, où le gouvernement conservateur actuel doit sa place à l’appui de l’Alliance des gens, un parti ouvertement francophobe et anti-acadien.
Avec la mise au rancart de l’université, le message des conservateurs est clair : speak white and assimilate ! Avec cette mesure, il s’attaque directement à la jeunesse franco-ontarienne sommée soit d’étudier en anglais, de déménager à Ottawa ou à Sudbury dans le cas où le programme d’études convoité y soit enseigné en français, ou alors déménager au Québec, à Moncton ou à l’étranger, des options envisageables seulement à ceux et celles qui en ont les moyens. Le coup est d’autant plus dur à encaisser que plusieurs jeunes francophones présentement au secondaire comptaient sur l’ouverture de l’Université de l’Ontario français en 2020 pour compléter leur éducation. Ce ne sont d’ailleurs pas que les étudiant.es francophones qui en seront pénalisés : plusieurs artistes et intellectuels voyaient en cette université une opportunité pour promouvoir le dynamisme de la culture et de la langue françaises en Ontario.
Avec cette annonce, le gouvernement Ford s’inscrit en droite ligne avec les politiques assimilationnistes portées depuis toujours par les Conservateurs ontariens. Entre le Règlement 17 qui, répondant favorable à l’Ordre d’Orange, interdit l’enseignement du français dans les écoles de la province entre 1912 et 1927, puis la tentative de fermeture de l’hôpital Montfort en – seul hôpital francophone de la province – en 1997 (sous le gouvernement conservateur de Mike Harris) en passant par les luttes nécessaires pour le maintien d’un enseignement public francophone dans le secteur de Penetangueshene entre 1979 et 1989 à l’époque du gouvernement Davis (Conservateur aussi), les Conservateurs ont toujours tenté d’empêcher plus d’un million de Franco-ontariens de vivre au quotidien dans leur langue.
Les mesures de Ford sont d’autant plus honteuses qu’il existe un double standard quant au traitement des minorités linguistiques. En effet, alors qu’au Québec, la minorité anglophone peut vivre quotidiennement, se soigner, s’éduquer et se cultiver dans sa langue maternelle, les francophones hors-Québec doivent lutter périodiquement pour conserver leurs droits.
Par exemple, à population pratiquement égale, les Franco-Ontariens et les Anglo-Québécois, n’ont pas accès aux mêmes services. Au Québec, on compte trois universités anglophones financées publiquement alors qu’en Ontario, il n’en existe aucune (les universités Laurentienne et d’Ottawa sont bilingue). Concernant les soins de santé, le même constat est de mise : s’il existe 18 hôpitaux anglophones au Québec (dont certains sont financés à hauteur de centaines de millions de dollars), il n’en existe qu’un en Ontario.
Jeunes communistes, nous appelons à l’action contre cette annonce et enjoignons tous ceux et celles qui ont à cœur les droits démocratiques des minorités nationales, des immigrant.es et des autres groupes marginalisés à prendre part aux actions en solidarité avec les Franco-Ontariens. En effet, les répercussions de cette décision du gouvernement Ford vont au-delà des droits des francophones de l’Ontario voire des francophones au Canada et au Québec. Cette attaque, aujourd’hui contre les Franco-Ontariens, pourrait se répéter demain contre les peuples et nations autochtones, contre les immigrant.es, voire contre les étudiant.es, car il s’agit également d’une attaque contre le droit à une éducation gratuite, publique et de qualité.
Il est donc primordial que nous soyons en mesure de montrer une unité sans faille avec la lutte de la jeunesse francophone de l’Ontario et témoignions de notre solidarité envers leur lutte, car leur lutte est celle pour l’unité de la jeunesse et sa solidarité contre le pouvoir du grand capital pour lequel l’existence de minorités nationales et de nations minoritaires (dont la nation Québécoise, Acadienne, les nations et peuples autochtones) ne sont que des obstacles au renflouement des poches des actionnaires.