La YCL-LJC joint sa voix aux organisations dénonçant la directive sur la « liberté d’expression » votée par le gouvernement conservateur de l’Ontario et enjoint tous les étudiant.es et jeunes progressistes et démocrates à s’opposer et à résister contre cette loi par tous les moyens possible. Nous encourageons également les jeunes du reste du Canada à exprimer leur solidarité envers leurs confrères et consoeurs de l’Ontario.
Votée en aout dernier, cette loi feint défendre la liberté d’expression dans les universités ontariennes en sanctionnant financièrement celles qui, d’ici le 1er janvier prochain, ne se seraient pas dotées de règlements ou autres mécanismes destinés à contrer toute restriction à ce droit fondamental pourtant déjà protégé par la Charte canadienne des droits et libertés. Ceux et celles qui l’enfreindraient seraient également susceptibles de sanctions individuelles par leur établissement. Le Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES) aura pour tâche de s’assurer de la bonne application de cette directive. Un établissement qui serait considéré comme ayant appliqué la directive de façon laxiste serait dénoncé auprès du gouvernement et son financement s’en retrouverait entamé. Cette utilisation du chantage financier est antidémocratique et anticonstitutionnelle.
Si Doug Ford et son gouvernement réactionnaire décident de se prévaloir d’une telle loi, ce n’est en rien pour étendre le droit à la liberté d’expression, mais bien pour en utiliser la justification afin de donner carte blanche aux propagandistes d’idées racistes, xénophobes, islamophobes, misogynes, homophobes et transphobes de sorte qu’ils puissent injecter leur venin de plus belle auprès de la jeunesse et des masses populaires tout en s’attaquant aux mouvements progressistes dans les universités.
En effet, depuis quelques années, la question de la liberté d’expression est devenue cheval de bataille pour les forces d’extrême-droite qui tentent de l’utiliser afin de dédiaboliser, de banaliser et de donner de l’ampleur à leur discours. C’est ainsi que des universitaires tels que Jordan Peterson et Lindsey Shepperd peuvent, sans grands remous, élever des fausses-vérités, des fake news et du verbiage pseudo-scientifique et conspirationniste au niveau de théories à prendre au sérieux grâce au prestige d’universitaire qu’ils tentent de s’arroger.
Comment peut-on croire que cette directive ne soit pas utilisée de façon idéologique lorsque ceux-là même qui s’en font les défenseurs sont également ceux qui mettent au rancart le cursus d’éducation sexuelle au secondaire, muselant ainsi toute discussion sur les droits et la légitimité des élèves LGBTQ+? Comment peut-on donner quelque légitimité que ce soit à une politique censée chanter les vertus de la Liberté d’expression alors que le gouvernement qui la met en place refuse toute consultation avec les peuples et nations autochtones dans la révision du cursus éducatif, refusant ainsi que ceux-ci aient voix au chapitre. En outre, ce gouvernement est le premier à s’attaquer aux initiatives progressistes comme la Journée pour Al-Quds, mais ne glousse même pas lorsqu’il s’agit de s’opposer à l’une des lois les plus liberticides au Canada, la Loi C-51 / C-59; des lois qui permettent la surveillance de masse, ciblant particulièrement les militant.es, les peuples et nations autochtones et les personnes racisées.
II ne fait aucun doute qu’il y a là un véritable « deux poids, deux mesures » et que le but à peine caché du gouvernement ontarien est d’inscrire dans la loi non pas la liberté d’expression, mais d’y intégrer les intérêts des plus réactionnaires. Il ne garantit en rien la liberté d’expression à ceux qui en ont le plus besoin: groupes marginalisés, mouvements et organismes communautaires, partis politiques qui osent remettre en question le triomphalisme de la classe dirigeante et l’hégémonie capitaliste, les syndicats, les associations étudiantes, enfin tous ceux et celles qui luttent et se mobilisent contre toute forme d’injustice, d’oppression et d’exploitation. En fait, cette politique s’attaque aux groupes progressistes (dont les syndicats étudiants et les militant.es) qui osent dénoncer les groupes haineux et tyranniques. Il étend cependant la liberté d’expression à ceux qui en ont le moins besoin: ceux qui tentent d’être perçus comme anti-système alors qu’ils en sont les plus fiers défenseurs et bénéficient en premier lieu des structures d’oppression et d’exploitation inhérentes au système capitaliste.
Cette politique représente donc, dans ses fondements, une politique taillée sur mesure pour défendre les intérêts de la classe dirigeante et ses plus fiers représentants. La liberté d’expression ne donne pas droit aux réactionnaires de propager leur idéologie ni d’agir sans résistance. La véritable liberté d’expression inclut la liberté de résister, de s’organiser et de manifester. Or, c’est celle-là qui est attaquée par cette politique qui tente de museler ceux et celles qui, courageusement, résistent contre la montée des idées d’extrême-droite et les institutions contribuant à la banalisation de cette idéologie. Les universités représentaient un espace où l’hégémonie capitaliste pouvait être critiquée. Avec cette directive, le gouvernement Ford veut empêcher cette possibilité.
Les tenants et aboutissants de cette loi, sciemment conçue pour induire les gens en erreur en stigmatisant toute opposition comme une profession de foi contre la liberté d’expression, constituent une attaque sévère contre la démocratie: elle cible nos droits démocratiques en tant que citoyen.nes, en particulier la jeunesse et les mouvements progressistes.
C’est pourquoi nous, communistes, estimons que le temps n’est plus à la consultation ni à l’analyse. Il est temps de nous organiser, de lutter, de résister et de mobiliser afin de faire barrage à cette attaque contre nos droits démocratiques particulièrement dangereuse alors que l’on connait, à travers le monde, un regain de popularité des idées d’extrême-droite, la montée de groupes et de mouvements fascisants. Le Canada n’est pas étranger à cette dynamique, tel qu’illustré, entre autres, par l’élection du populiste Ford en juin dernier, la formation du Parti « populaire » par Maxime Bernier et la récente élection de la CAQ au Québec.
C’est aussi pourquoi nous appelons toute la jeunesse progressiste, estudiantine comme ouvrière, à s’organiser et à se mobiliser notamment sur leurs lieux d’étude, mais aussi sur leurs lieux de travail et dans leurs communautés afin de faire barrage à cette loi qui, si adoptée sans grands remous, bénéficiera non seulement à l’extrême-droite, mais conforterait aussi le gouvernement Ford de pousser plus loin ses attaques contre tous les acquis sociaux et démocratiques, ce qui, à moins d’un an des prochaines élections fédérales, ne bénéficierait qu’aux Conservateurs, à Maxime Bernier et surtout aux grandes entreprises et à leur diktat.