Comité exécutif central, avril 2018
À l’occasion du 1er mai, la Ligue de la jeunesse communiste tient à saluer la lutte de la classe ouvrière et les victoires qu’elle a pu arracher aux mains de la classe dirigeante à travers des années de combats et de mobilisations pour des meilleurs salaires, des meilleures conditions de travail et pour des services sociaux de qualité.
Cette année, nous célébrons la Journée internationale des travailleur.euses dans des conditions où l’exploitation globalement continue d’augmenter. Au Canada, les cent patrons les mieux payés gagnent 209 fois le salaire de travailleur.euses moyen (contre « seulement » 195 en 2016). À l’échelle globale, le 1% le plus riche possède 82% de la richesse mondiale. Autrement dit, alors que les travailleur.euses, la jeunesse et les masses populaires étaient sommées de « faire leur juste part » après la crise de 2008, le patronat n’a pas cessé de s’enrichir durant cette période, faisant porter le fardeau de sa crise sur les épaules des masses laborieuses.
Partout à travers le monde, y compris au Canada, les services publics sont mis à mal. Des milliards de dollars sont soit coupés ou ne sont pas perçus par les pouvoirs publics, résultat d’années de mesures d’austérité ou d’abattement fiscaux pour les grandes entreprises. C’est ainsi que la jeunesse se retrouve aux prises avec des dettes d’études faramineuses avoisinant les 30 000$ en moyenne. C’est ainsi que certains soins de santé, notamment les soins dentaires et oculaires, l’accès à une assurance-médicaments, mais aussi les opérations de réaffirmation de genre sont hors de portée. C’est ainsi que le financement des universités repose de plus en plus sur des entreprises privées qui espèrent obtenir un retour sur investissement…
Question salaires et conditions de travail, là aussi, c’est la jeunesse qui paye. Taux de syndicalisation marginal, situations de plus en plus précaires et ce, même après l’obtention de diplômes universitaires sont monnaie courante, résultat entre autres de la mondialisation et de traités de libre-échange (lire plutôt « constitutions faites sur mesure pour les grandes entreprises ») à l’image de l’ALENA qui se sont conclus par des baisses considérables des conditions de travail et des mises à pied massives pour les travailleur.euses et encore plus de profits pour le patronat. En outre, plusieurs jeunes, même syndiqués, sont victimes de clauses orphelines, les empêchant de bénéficier des mêmes conventions collectives que leurs confrères et consoeurs de travail avec plus d’ancienneté dans le but de liguer les jeunes travailleur.euses avec leurs collègues plus anciens.
Les travailleur.euses migrants quant à eux sont confrontés au programme scélérat de travail temporaire, un programme qui les confine à une situation pratiquement d’esclavage, au grand plaisir de leurs patrons qui voient en eux des serfs taillables et corvéables à merci : la liberté d’association leur est niée, tandis qu’ils ne peuvent se prévaloir des annuités qu’ils cotisent en termes d’assurance chômage ou de santé et de sécurité au travail; sans compter que souvent, logements décents, équipements de sécurité au travail et la possibilité de changer d’employeurs librement leur sont refusés. Avec la sanction du gouvernement canadien, les patrons isolent les travailleur.euses engagés sous ce régime, les empêchant de se syndiquer et de faire état de leur condition d’exploitation.
Les femmes quant à elles sont toujours loin d’avoir atteint l’égalité salariale. Malgré les quelques progrès réalisés au bout de plusieurs décennies de luttes féministes en ce sens, il reste qu’elles devraient attendre, au rythme actuel, 172 ans avant d’atteindre l’égalité, et ce, malgré un budget fédéral soi-disant féministe présenté par Bill Morneau cette année; si féministe qu’il en oublie même de faciliter la conciliation famille – travail – études en n’offrant pas l’accès à des services de garde publics et de qualité… En fait, le travail des femmes continue d’être sous-évalué tant sur les lieux de travail (où elles sont surreprésentées dans des secteurs moins bien rémunérées notamment les secteurs de l’alimentation et du commerce) qu’à la maison.
De surcroit, les travailleur.euses du monde entier sont confrontés au danger que représente la montée de l’extrême droite, du racisme, de la misogynie, du nationalisme; mais aussi la montée du militarisme et le danger réel d’une guerre mondiale ou d’un conflit globalisé. Cette dernière année, la jeunesse et les peuples de Syrie ont payé les frais, pour une 7e année consécutive, d’une guerre impérialiste dirigée par les États-Unis et l’OTAN qui a fait plus de 5 millions de réfugiés et plus de 350 000 morts. Le peuple et la jeunesse du Yémen affrontent toujours l’une des pires crises humanitaires causée par l’intervention de l’Arabie Saoudite sur son territoire alors que les agressions répétées contre le Venezuela, la menace d’un regain de tensions sur la péninsule de Corée contribuent à assombrir le tableau. Le peuple Palestinien, contre qui le Président Trump a prononcé un casus belli en décrétant Jérusalem comme capitale d’Israël, continue de résister 70 ans après s’être vu dépossédé de ses terres, malgré la menace du bagne, de la torture ou de la mort.
Dans cette situation, le Canada, qui trie pourtant ses arguments sur le volet lorsqu’il s’agit de justifier le manque de moyens pour créer des emplois ou financer des services tels que l’éducation gratuite, ne peine jamais à trouver quelques deniers pour faire la guerre et nous y préparer. La ministre de la Guerre, Chrystia Freeland, se fait en outre porte-parole des plus va-t-en-guerre, emboitant le pas à l’impérialisme états-unien et justifiant ses crimes.
Pour nous, jeunes communistes, le 1er mai est l’occasion de célébrer nos victoires passées et à venir. Partout où le capitalisme fait des ravages, partout où il fait la guerre que ce soit économiquement à coups de mesures d’austérité ou à coup d’interventions et d’agressions impérialistes pour subjuguer les quelques pays qui refusent de se laisser subjuguer par la loi du marché, il y a de la résistance.
Les avancées obtenues par la campagne pour un salaire minimum à 15$ l’heure sont encourageantes. Toutefois, le chantage patronal auquel la campagne s’est confrontée ces derniers mois, à commencer par les enfants multimillionnaires de Tim Horton pour qui payer des employé.es à 14$ l’heure mettrait en péril leurs profits, ou encore par les pressions des syndicats patronaux et chambres de commerce, montrent que malgré ces succès, la bataille n’est pas encore gagnée.
Contre la menace de la destruction de notre environnement, nombreux sont les jeunes mobilisés contre les projets dont l’extension de l’oléoduc TransMountain de Kinder Morgan et la construction du barrage « Site C », qui perpétuent une logique d’extractivisme effrénée dans laquelle la classe dirigeante du Canada s’attaque aux peuples et nations autochtones.
Contre le patriarcat et la violence systémique dont elles sont victimes, les femmes sont également mobilisées. Que ce soit, pour une deuxième année consécutive, en organisant la Marche des femmes en janvier ou à travers le mouvement #MoiAussi, nombreuses sont celles qui refusent de demeurer passives et qui sont résolues à prendre action.
Plusieurs jeunes s’organisent au Québec et ailleurs au pays, voire dans le monde, pour manifester leur opposition au G-7 dont le Canada assume la présidence cette année et qui aura lieu les 7 et 8 juin prochains à La Malbaie. Plus de 500 millions de dollars sont prévus afin d’assurer la sécurité des représentant.es des grandes puissances impérialistes responsables des crises, de notre misère et des guerres. Devant cette provocation, nous devons nous organiser et faire savoir aux yeux du monde que la jeunesse du Canada ne veut en aucun cas être associée au bellicisme du gouvernement Trudeau.
200 ans après la naissance de Karl Marx, nous sommes une nouvelle génération de résistance. Une génération qui s’efforce de voir en le 1er mai une opportunité de saluer les luttes qui permettront à notre génération de s’émanciper, d’aller au bout de ses idées et de sa démarche. Une lutte qui nous donne raison lorsque, 200 ans après la naissance du socialiste à la barbe blanche, nous clamons haut et fort : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous! » Unis et organisés, un autre monde est possible.