Le rapport sur les femmes autochtones disparues et assassinées appelle au renforcement de la lutte pour les droits des peuples autochtones

Comité exécutif central, juin 2019

La YCL-LJC salue le travail effectué par la commission d’Enquête nationale sur les femmes et filles autochtones disparues et assassinées malgré différentes contraintes et un délai imparti trop court pour faire la lumière sur une situation aussi dramatique et complexe. Nous saluons également le courage des plus de 2000 femmes autochtones qui ont témoigné devant la commission malgré le climat hostile dans lequel ces femmes sont encore plongées (depuis le début de cette enquête, plus de 130 femmes autochtones ont été assassinées).

Ce rapport tant attendu ne se contente pas d’étudier la question des femmes et filles autochtones disparues et assassinées comme une série d’incidents isolés, mais s’attaque plutôt, tout au long des 1200 pages qu’il comporte, aux causes systémiques de la violence dont sont victimes les femmes autochtones. C’est ainsi que les membres de la Commission n’ont pas hésité à faire du génocide perpétré contre les nations et peuples autochtones un thème central du rapport, de même que la perpétuation de structures et politiques coloniales par l’État canadien.

Honteusement, Justin Trudeau et son gouvernement, bien qu’ils aient salué le rapport, ont initialement refusé de prononcer le terme « génocide ». Cette omission s’inscrit en droite ligne avec le cynisme politique de ce gouvernement à l’égard des peuples et nations autochtones.

En effet, même s’il a été élu grâce à sa promesse de rétablir des relations égalitaires de nation à nation avec les peuples autochtones, le Gouvernement libéral s’est empressé de trahir cette promesse. Dès les premiers jours, il a été clair que les revendications des peuples autochtones ne pèsent que peu dans la balance devant le poids des grandes entreprises pétrolières. C’est ainsi que, se riant des droits des peuples autochtones, le gouvernement Trudeau a donné carte blanche – et même assistance – aux compagnies telles que Kinder Morgan pour qu’elles puissent construire leurs oléoducs malgré l’opposition de ces peuples.

Dans le même ordre d’idées, la politicaillerie partisane de l’actuel gouvernement, à quelques mois des élections fédérales, a eu raison du bon déroulement de l’enquête dont la prolongation de deux ans a été refusée aux commissaires, ce qui a empêché que plusieurs témoins soient entendus. De plus, le budget et l’accès à l’information restreints ont eu tôt fait de mettre des bâtons dans les roues des commissaires, dont plus d’une dizaine ont claqué la porte.

Il n’est donc pas étonnant que Trudeau, au moment de recevoir le rapport, n’a accepté de prononcer le terme génocide qu’à la suite de pressions populaires. Contrairement à ce que plusieurs ont pu souligner dans la foulée, il ne s’agit pas d’un débat sémantique, mais bien d’un déni total de la responsabilité des gouvernements successifs qui, depuis 1867, ont adopté des politiques génocidaires envers les peuples et nations autochtones afin de garantir les profits des grandes entreprises.

Honteusement, la presse vénale et plusieurs politiciens refusent encore aujourd’hui que ce génocide a encore cours aujourd’hui, et plus fondamentalement, refusent que le Canada est basé, entre autres, sur le vol des territoires autochtones et que, de ce fait, la Constitution canadienne d’aujourd’hui porte les vestiges du colonialisme britannique.

Jeunes communistes, nous n’avons nourri aucune illusion quant à la sincérité du gouvernement Trudeau à l’égard des peuples et nations autochtones. Nous ne savons que trop bien que les intérêts qu’il représente sont servis lorsque le Canada continue d’exister en tant que prison pour les différentes nations. Nous savons également que les milliers de femmes autochtones disparues et assassinées ne sont pas une situation isolée, mais bien le produit même de l’impérialisme canadien.

Néanmoins, nous reconnaissons le mérite de ce rapport – rédigé grâce à des années de pression populaire – qui ne se contente pas de dévoiler les causes systémiques de cette violence raciste et genrée, mais aussi qui, à travers ses 231 recommandations, se veut un outil d’action. Nous nous engageons donc à ce que ces recommandations soient mises en place le plus rapidement possible tout en continuant de nous mobiliser pour que les peuples autochtones puissent se prévaloir de leur droit à l’autodétermination jusqu’à et y compris à la séparation, seule garantie d’un réel partenariat égal et volontaire entre les différentes nations qui composent le Canada.